mardi 22 décembre 2009

De Grenoble à Gaza

[Mise à jour mardi 29 décembre : La marche internationale sur Gaza a été bloquée par les autorités égyptiennes. Le point sur place en vidéo et en français par Yazid ]


Le blog de Leïla Shahshahani


Leïla participe actuellement à la marche internationale pour rompre l'isolement des populations emmurées de Gaza (en passant par l'Egypte).

Mais c'est loin d'être gagné auprès des autorités égyptiennes. Tous ceux qui le souhaitent peuvent exprimer leur soutien à cette initiative en contactant la représentation égyptienne dans leur pays.
Pour la France : Ambassade d'Egypte à Paris ; Tél. : 01 53 67 88 30 ; Fax : 01 47 23 06 43 ; M. Al Naggary, premier secrétaire : nanaggary@hotmail.com

Leïla propose de vous inspirer de la lettre-type suivante :

"Je vous écris pour exprimer mon entier soutien à la Marche pour la liberté de Gaza programmée le 31 décembre prochain. Je prie instamment le gouvernement égyptien de permettre aux 1300 délégués internationaux d'entrer à Gaza par l'Egypte. C'est un moment historique de solidarité pacifique que nous attendons tous et que vous ne pouvez refuser."
date/signature

dimanche 20 décembre 2009

Face à l'enjeu climatique

À Copenhague, c’est de nous-mêmes dont il est question.
par George Monbiot *


Etonnant, au lendemain du sommet de Copenhague, ce plaidoyer philosophico-politique pour la décroissance est paru dans le journal britannique Le Guardian !
L' hirondelle ne fait pas le printemps des peuples, certes. Il n'empêche: quelque chose comme une énorme bulle d'oxygène finira bien par percer dans l'air (vicié) du temps, sans que nous en ayons encore aucune idée précise; quelque chose qui donne une toute autre direction que celle du suicide collectif, et encore quelques raisons d'espérer.

Opinions muselées, ONG congédiées (par centaines), le fiasco total du sommet mondial de Copenhague sur l'effet de serre participera -peut-être- d'un choc en retour salutaire. Une nouvelle génération plus généreuse et plus humaine est à naître. Elle ne pourra être qu' internationaliste (comme l'atmosphère), éco-socialiste, redistributive ... il n'y a tout simplement plus le choix. Il faut cependant sans attendre, et surtout, sans l'attendre, s'atteler à changer l'économie et les mentalités du Nord au Sud (dans cet ordre). Dès maintenant. A tous les échelons de la société.
Joyeuse année 2010 quand même!
JMB




Il est temps de nous retourner et de nous regarder en face. Ici, dans les couloirs en plastique et les cabines bondées, entre les textes impénétrables et les procédures qui s’étiolent, l’humanité décide de ce qu’elle est et de ce qu’elle deviendra. Elle doit choisir entre continuer à vivre comme elle l’a fait, jusqu’à ce que sa maison ne soit plus qu’un terrain vague, et s’arrêter et trouver sa nouvelle définition. Il ne s’agit pas simplement de changement climatique. C’est de nous qu’il s’agit.

La réunion de Copenhague nous met face à notre tragédie primitive. Nous sommes le grand singe universel, doué de l’ingéniosité et de l’agressivité nécessaires pour abattre des proies beaucoup plus grandes que nous, pour conquérir de nouvelles terres et pour rugir de défi face aux contraintes naturelles. Nous nous trouvons maintenant encerclés par les conséquences de notre nature, vivant gentiment sur cette planète surpeuplée, par crainte de faire mal aux autres ou de les provoquer. Nous avons des cœurs de lions et nous vivons des vies d’employés de bureau.

L’hypothèse de ce sommet est que l’âge de l’héroïsme est bel et bien fini. Nous sommes entrés dans l’ère de l’accommodation/adaptation. Nous ne pourrons plus jamais vivre sans modération. Nous ne pourrons plus jamais vivre en balançant nos poings sans nous demander sur la gueule de qui ils vont atterrir. Tout ce que nous faisons, nous devons maintenant le faire en tenant compte de la vie des autres, en étant prudents, précautionneux, méticuleux. Nous ne pourrons plus jamais vivre dans l’instant, comme s’il n’y avait pas de lendemain.

Cette rencontre a pour thème les substances chimiques : les gaz à effet de serre qui isolent l’atmosphère. Mais il s’agit aussi d’une bataille entre deux visions du monde. Les hommes en colère qui cherchent à faire dérailler cet accord, et empêcher que soit posée une limite à leur ambition personnelle, ont compris cela bien mieux que nous. Un mouvement nouveau, plus visible en Amérique du Nord et en Australie mais aujourd’hui présent partout dans le monde, réclame le droit de fouler aux pieds la vie d’autrui comme s’il s’agissait là d’un droit humain. Il ne sera ni limité par des impôts, ou par des lois sur les armes, des règlements, pas plus que par des mesures sanitaires ou de sécurité, ni par une quelconque contrainte, encore moins si elle est environnementale. Il sait que les combustibles fossiles ont rendu possible l’expansion de ce grand singe universel bien au-delà de ses rêves du Paléolithique. Pendant un moment, un merveilleux moment-frontière [1], ils nous ont permis de vivre dans une insouciance toute béate.

Les hommes en colère savent que cet âge d’or s’en est allé, mais ils n’arrivent pas à trouver les mots pour les contraintes qu’ils haïssent. S’accrochant à leurs exemplaires de La Révolte d’Atlas [2], ils malmènent tous ceux qui voudraient les brider en les accusant de communisme, de fascisme, de religiosité, de misanthropie, tout en sachant au fond d’eux-mêmes que ces restrictions sont dictées par quelque chose d’encore plus répugnant pour ces hommes effrénés : la décence que nous devons aux autres êtres humains. J’ai peur de ce chœur de brutes, mais je le comprends aussi. Je mène une vie plutôt paisible, mais mes rêves sont hantés par des aurochs géants. Tous ceux d’entre nous dont le sang court encore dans les veines sommes obligés de sublimer, de fantasmer. Nous trouvons dans nos rêveries et les jeux vidéo la vie que les limites écologiques et les intérêts des autres nous interdisent de vivre.

L’humanité n’est plus divisée entre conservateurs et libéraux, réactionnaires et progressistes, bien que la vieille politique nous informe sur ces deux bords. Aujourd’hui, la ligne de front se situe entre les chantres de l’expansionnisme et ceux de la modération ; ceux qui croient qu’il ne devrait y avoir aucun obstacle, et ceux qui croient que nous devons vivre avec des limites. Les batailles malsaines auxquelles nous avons jusqu’à présent assisté, entre verts et négationnistes du changement climatique, militants de la sécurité routière et dingues de vitesse, groupes de base authentiques et astroturfers [3] parrainés par des entreprises, ne sont qu’un début. Cette guerre va s’enlaidir encore à mesure que les gens repousseront les restrictions qu’impose la décence.

Nous y voilà donc, au pays des héros Beowulf, perdus dans le brouillard des sigles et des euphémismes, des parenthèses et des exemptions que requiert la diplomatie mortifère pour satisfaire les demandes de tous. Ici, il n’y a pas de place pour l’héroïsme, toutes les passions et les forces se heurtent aux besoins des autres. Les choses sont telles qu’elles devraient être, même si chacun de nos neurones se révolte contre cette réalité.

Bien que les délégués aient pris conscience de l’ampleur de leur responsabilité, je persiste à croire qu’ils vont nous vendre. Tout le monde veut vivre sa dernière aventure. Presque personne parmi les parties officielles ne peut accepter ce qu’impliquerait de vivre selon nos moyens, de vivre en pensant à demain. Ils se disent qu’il y aura toujours une autre frontière, un autre moyen d’échapper à nos contraintes et de se débarrasser de nos insatisfactions ailleurs et sur d’autres. Ce qui plane au-dessus de tout ce qui est ici en discussion n’ose pas dire son nom, toujours présent mais jamais mentionné. La croissance économique est la formule magique qui permet à nos conflits de rester en suspens.

En situation de croissance économique, il n’y a pas besoin de justice sociale, car l’amélioration des conditions de vie se fait sans redistribution. Tout pendant qu’il y a de la croissance économique, les gens n’ont pas à affronter leurs élites. En situation de croissance économique, nous pouvons continuer à acheter notre vie sans trop de soucis. Mais, comme les banquiers, nous évitons les ennuis d’aujourd’hui en multipliant ceux de demain. Grâce à la croissance économique, nous empruntons du temps à des taux d’intérêts punitifs.

Il est assuré que toute réduction fixée par un accord à Copenhague se verra finalement dépassée. Même si nous parvenons à prévenir la rupture climatique, la croissance signifie que ce n’est qu’une question de temps avant que nous butions sur une nouvelle contrainte, qui exigera une nouvelle réponse mondiale : que ce soit le pétrole, l’eau, les phosphates ou les sols. Nous allons aller vacillants d’une crise à une crise existentielle si nous n’abordons pas la cause sous-jacente : la croissance perpétuelle ne peut s’accommoder d’une planète finie.

Malgré leur sincère désir d’autolimitation, les négociateurs de la ville en plastique ne sont pas sérieux, pas même sur le changement climatique. Et là encore, se joue autre chose qui ne dit pas son nom : la question de l’approvisionnement. La plupart des États-nations qui se disputent à Copenhague mènent deux politiques concernant les combustibles fossiles. La première consiste à minimiser la demande, en nous encourageant à réduire notre consommation. L’autre consiste à maximiser l’approvisionnement, en encourageant les entreprises à extraire tout ce qu’elles peuvent du sous-sol.

Nous savons, grâce aux articles publiés dans Nature en avril, que nous pouvons utiliser au maximum 60% des réserves actuelles de charbon, de pétrole et de gaz, pour que la température globale moyenne n’augmente pas de plus de deux degrés [4]. Nous pouvons en brûler encore moins si, comme de nombreux pays pauvres le réclament maintenant, nous cherchons à éviter que la température ne s’élève de plus de 1.5°C. Nous savons que l’extraction et le stockage ne rejetteront qu’une petite proportion du carbone présent dans ces combustibles. D’où deux conclusions évidentes : les gouvernements doivent décider quelles réserves existantes de combustibles fossiles on doit laisser dans le sol, et ils doivent introduire un moratoire mondial sur la prospection de nouveaux gisements. Aucune de ces propositions n’a été mentionnée durant la discussion.

Mais il faut bien quelque part que cette première grande bataille mondiale entre les expansionnistes et les décroissants soit gagnée ; par la suite, les batailles qui en découlent – augmentation de la consommation, pouvoir des entreprises, croissance économique – devront être livrées. Si les gouvernements ne montrent pas de volonté concernant le changement climatique, les expansionnistes se saisiront de la faiblesse des décroissants. Ils s’attaqueront aux autres mesures qui protègent les gens les uns des autres, ou qui empêchent la destruction des écosystèmes de la planète, en utilisant les mêmes tactiques de dénégation, de dissimulation et de recours à l’intérêt personnel. Il n’existe pas de fin à cette bataille, car il n’est pas de ligne que ces gens ne franchiront pas. Ils ne savent que trop bien que cette bataille a pour objet une redéfinition de l’humanité, et ils veulent que notre espèce soit encore plus rapace qu’elle ne l’est déjà.

* journaliste spécialiste des questions environnementales et chroniqueur du quotidien The Guardian.
Cet article a été initialement publié sur monbiot.com et dans le Guardian.
Traduction Morgane Iserte, révision Nicolas Haeringer, dans le cadre du projet www.m-e-dium.net

jeudi 3 décembre 2009

Prenez un café zapatiste !

Et si pour les fêtes vous commandiez votre café directement aux coopératives zapatistes ? Ceci présente un double avantage : d'abord, c'est un très bon arabica; ensuite tout va dans la poche de ces petits producteurs. C' est une association militante basée à Paris qui se charge des commandes en gros, de l'importation et de la distribution. Vous trouverez les conditions de vente au bas de ce billet. Dépêchez-vous, car la souscription pour la récolte 2010 (livraison en juin 2010) s'achève fin décembre 2009.

Un mot de présentation de l 'association Echanges Solidaires-:


Bonjour à toutes et à tous,

Comme chaque année depuis 2003, nous lançons une campagne de souscription pour acheter le café des coopératives zapatistes au Chiapas. Nous sommes tous bénévoles.

Nous rachetons cette année le café aux coopératives Yachil Xojobal Chulchan dans la zone des Altos du Chiapas, et Ssit Lequil Lum dans la zone Nord de Roberto Barrios.

Yachil Xojobal Chulchan est située dans la zone des Altos, géographiquement proche de Mut Vitz. Elle est constituée essentiellement de réfugiés ayant dû fuir devant les violences paramilitaires à la fin des années 1990 (et notamment ceux massacrés à Acteal en 1997). Elle comprend environ 700 membres et possède la certification biologique.

Ssit Lequil Lum est la plus jeune des coopératives zapatistes. Ce n’est pas seulement une coopérative de production de café : elle regroupe l’ensemble des productions de la zone, dans l’objectif de répartir le fruit de leur travail entre les communautés en fonction des besoins. Voulant aller aussi loin que possible sur le chemin de l’autonomie, elle a décidé de ne pas adhérer aux programmes officiels de certification équitable et biologique.

Cependant, elle met en place une certification indépendante avec l’aide de l’ONG de San Cristóbal Desmi et de l’université indépendante de Chapingo. Une liste de critères a été établie par les cultivateurs, les techniciens en agro-écologie, mais aussi les anciens des communautés, porteurs de mémoire. Ces critères portent aussi bien sur la culture elle-même (sans produits chimiques) que sur la qualité du traitement après la récolte. Des membres des communautés zapatistes ont été formés pour
vérifier que chaque membre appliquait bien ces critères. La certification finale est donnée par les autorités zapatistes.

Cette année, le prix du paquet sera le même que l'an dernier soit 3,20 euros.

Au-delà du prix fixé et payé aux coopératives, tous les bénéfices sont renvoyés aux communautés zapatistes. Nous les remettons aux Conseil de Bon Gouvernement, autorités élues par les communautés zapatistes et représentant l'ensemble de celles-ci. Ils décident par eux-mêmes par la
suite de la manière d'utiliser cet argent. Cela permet ainsi que l'argent provenant du café bénéficie à l'ensemble des communautés et pas seulement à celles qui produisent du café.

La souscription se termine fin décembre.

Nous vous demandons si possible de commander plutôt le café d’une seule coopérative mais surtout par multiple de 10, afin de diminuer les complications tant sur le plan comptable que sur celui de la manutention.

Pour la même raison, merci d'évaluer votre commande pour l'année afin de ne pas en faire plusieurs dans l'année. Différentes commandes et donc différents colis augmentent à la fois les frais d'envoi et la manutention.
Il est par contre possible de ne nous envoyer qu'une partie du pré-paiement au moment de la souscription et le solde à la livraison. Il est plus facile pour nous d'avoir une seule commande sur l'année avec plusieurs paiements que plusieurs commandes!

Nous avons également un blog ou il est possible de commander
l'artisanat des coopératives zapatistes.

En région parisienne, nous tenons des permanences tous les mercredi de 16h à 20h au 21 ter rue voltaire 75011 Paris. Vous y trouverez le café et l'artisanat.

Pour davantage d’informations sur la situation au Chiapas et à Oaxaca, vous pouvez vous rendre sur le site du Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte .

À bientôt,
solidairement : Echanges solidaires

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Bon de souscription pour achat(s) anticipé(s)
À retourner avant fin décembre 2009 à : Échanges Solidaires 21 ter, rue
Voltaire, 75011 Paris

Paquets de 250 g de café, disponibles en JUIN 2010

Je souscris pour (3,20 € l’unité, 5 paquets minimum mais si possible par
multiple de 10) :

…………paquets , soit ……………...euros de la coopérative Ssit Lequil Lum ou Yachil
(entourer le nom de la coopérative souhaitée)
Paiement effectué le ……/……/……. Par chèque bancaire à l’ordre de :
Échanges Solidaires

Nom :……………………………Prénom : …………………………………...
Adresse :…………………………………………………………………………
Code Postal :………………….Ville :…………………………………………
Courriel*: …………………………………..… Tel*: …………………………

*Très important pour la livraison : journée de distribution à Paris;
envois en province (port inclus dans le prix)
Si vous souhaitez plus d’informations ou de bons de commande :
cafesolidaire@no-log.org

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