mercredi 5 novembre 2008

Neuilly Vichy Drancy (1/2)


Caro, une jeune grenobloise, participait au contre-sommet sur l'intégration à Vichy le 3 novembre. Voici son récit de la journée, contrôles compris.

Arrivée à la gare routière de Grenoble, on ne voit que du bleu: les quais d'accès aux cars étaient barrés par un filtrage policier. Tous les voyageurs devaient passer un par un en présentant une pièce d'identité. C'était long, des gens, qui n'allaient pas à Vichy, ont même raté leur bus.

En arrivant devant notre car, surprise, pour monter, il fallait re-présenter une pièce d'identité et des flics prenaient les noms. Nous ne voulions pas, mais une jeune commissaire (blonde et mignonne, d'ailleurs) nous montre une réquisition du procureur. On s'y plie. J'étais sure que les flics n'avaient pas le droit de le faire, mais, n'étant pas juriste, je ne connaissais pas les articles de loi pour nous opposer au fichage. Les lyonnais avait un juriste avec eux et ont pu le refuser.

Quatre sans-papiers avaient pu monter dans le car avant le filtrage des flics et s'étaient assis au fond. Une fois que tout le monde était installé, plusieurs policiers sont montés pour re-contrôler et ont voulu les faire descendre. Mais quelques malabars de la CGT se sont opposés et finalement les flics sont redescendus.

A cinq kilomètres de Vichy, contrôle des soutes et cars bloqués

Vingt policiers pour un car de cinquante personnes. Sommes-nous considérés comme de dangereux terroristes? Départ avec trente-cinq minutes de retard. A cinq kilomètres de Vichy, cette fois, ce sont les gendarmes qui font signe au chauffeur de se garer. Contrôle du car et des soutes: un quart d'heure.

En arrivant, nous apprenons que sur les vingt cars attendus, même pas la moitié a pu arriver. Les trains ont été bloqués bien avant la ville, si bien que les gens n'ont pu venir jusqu'à Vichy. Les voitures et les passagers étaient contrôlés. Bref, peu de monde, mais ce n'est pas étonnant.

Sur la manif elle-même: devant, les partis et syndicats avec drapeau, en tête, une banderole unitaire (sans logos) de soutien aux sans-papiers. Les Grenoblois étaient en fin de cortège, avec leur banderole et quelques panneaux humoristiques… On a vu à un moment de belles lueurs rouges. Arrêt, puis la rue se remplit de fumée âcre. Demi-tour, des gens tombent par terre, ne pouvant plus respirer, les collègues les remettent vite fait debout et les emmènent. Ça tousse, ça pleure dans tous les coins, le "serum phy" circule, ainsi que les bouteille d'eau (pas de Vichy).

Une grenade entre dans un appartement par la fenêtre

Incompréhension totale, la manif était autorisée. Les flics font des concours à qui tirera le plus loin dans la foule. Une grenade entre direct dans un appartement par une fenêtre ouverte. Les vieux de la vieille empêchent la panique en calmant les manifestants.

Essai de regroupement avec la tête du cortège qui était passée par une rue adjacente et décision de se rendre au meeting. Les flics continuent à canarder… C'était la partie "remise en forme", ou comment réapprendre à courir à des personnes âgées, à des personnes asthmatiques, à des parents avec enfants et parfois poussettes…

Meeting encerclé, évacuation anticipée

Au meeting: sur l'estrade, des représentants associatifs, politiques essayent de parler dans les cris "libérons nos camarades". La sirène d'évacuation retentit à plusieurs reprises, personne ne bouge. Ceux qui entrent expliquent ce qu'il se passe dehors. La salle est encerclée. Les organisateurs vont négocier la sortie. Celle-ci a lieu, bien avant la fin prévue. Nous regagnons le car en passant devant une haie de robocops harnachés et les voitures des pompiers arrivant pour éteindre les incendies de poubelles.

Huit cents policiers pour empêcher la libre expression d'une manif autorisée! C'est beau et démocratique, la France sous Sarkozy! Tout ce que le gouvernement arrive à faire, c'est rendre l'opposition de plus en plus violente, il ne nous fera pas taire! L'intégration, thème de cette réunion des vingt-sept ministres européens en charge de l'immigration, c'est d'abord intégrer les immigrés qui vivent déjà en France, qui y travaillent (80% des expulsés ont, ou plutôt avaient, un travail), ils sont déjà intégrés, pourquoi ne pas les autoriser à rester?

Pourquoi privilégier l'immigration choisie au risque de dépeupler les pays émergents de leurs travailleurs? Pourquoi continuer à refuser les demandes d'asile de ceux qui risquent gros en retournant dans leur pays d'origine? J'aurais bien quelques réponses… mais elles ne sont pas "dans la ligne"…

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