dimanche 16 octobre 2011

Relance du dialogue social dans la Fonction Publique (si!)

Au moment où le pouvoir rogne sur la dépense sociale et cogne sur le service public, François Sauvadet, actuel ministre de la Fonction Publique, entendrait renforcer les moyens alloués à l'action syndicale, pas moins de 1,3 milliards d'euros supplémentaires... aux syndicats de la Fonction Publique (!)

Diable.
En plein démantèlement de la Fonction publique dans le cadre de la Révision Générale des politiques Publiques (RGPP) (1) , entre les dizaines de milliers de suppressions de postes, le recrutement de précaires et les coupes claires dans les budgets, qu'est-ce qui leur vaut tant de largesses ?
Etrange politique à première vue.
Officiellement, rien ne serait plus urgent pour les parties en présence que de rénover le dialogue social. Bien entendu.

Représentativité syndicale ou domestication ?

A moins qu'il ne s'agisse de l'ultime étape d'intégration d'un syndicalisme d'accompagnement pratiqué partout en Europe aujourd'hui ?
Le gouvernement pararachève aussi une entreprise de remembrement du syndicalisme démarrée avant lui, et dont l'idée aurait fort bien pu germer, disons, au sortir des crises et des scissions qui eurent raison de la puissante Fédération de l' Education nationale (ex-FEN, aujourd'hui FSU).

Question d'intendance ou question politique ?

L' offre "généreuse" du ministère établit en contrepartie une obligation de certification des comptes syndicaux; ce qui revient notamment à rendre illégales la pratique des caisses de grève, qui firent si peur naguère dans les raffineries.
A quelques jours des élections professionnelles du 20 octobre, le ministère a fait adopter le mode de scrutin électronique, lourd de dangers de manipulations et qui soulève des suspicions, voire des prises de position hostiles.

La clé de répartition du pactole est fixée à 50 % en fonction des voix et 50 % en fonction des sièges obtenus aux élections.
S'agirait-il au passage d' isoler les brebis galeuses non associées aux accords de Bercy, et qui ne sont pas ou sous-représentées de toutes façons au niveau national ? (2)

Ce qui reste d'indépendance au sein du mouvement syndical en France pourrait s'en trouver un peu plus fragilisé.

En cette rentrée sociale 2011 marquée par une très grande discrétion syndicale (où est passé Bernard Thibaud ?) l' information aurait pu susciter l'intérêt -pour ne pas dire le vif émoi- d'un nombre considérable de fonctionnaires. Plus élevé en tout cas que celui artificiellement entretenu pour la politique spectacle à coups de flonflons.

L'offre du gouvernement, très inhabituelle en ces temps d'austérité drastique, ne suscite par ailleurs aucun débat public, on se demande bien pourquoi ?

Il est enfin frappant de constater que cet aspect du projet de réforme, cantonné aux canaux syndicaux à quelques articles près, soit passé sous la table dans les JT. Soit un temps d'antenne encore plus insignifiant que le temps accordé aux vaguelettes syndicales de la rentrée sociale.

Ceci expliquerait-il celà ? La question méritait au moins d'être posée.

JMB

(1)  Contenu dans les accords de Bercy, en Juin 2008, il prévoyait aussi une amélioration des droits syndicaux. Le ministre a fait savoir en septembre que "la situation financière de l’État étant actuellement compliquée, les moyens seront seulement maintenus" (sic).
Force Ouvrière estime que près de 400.000 emplois publics pourraient être détruits du fait de la RGPP entre 2007 et 2013 dans la seule Fonction Publique d’Etat (administrations, services déconcentrés, établissements et opérateurs sous tutelle).
 

Cf à ce sujet le "Livre Noir de la RGGP" - FO (Avril 2011).
-Rapport Hadas-Lebel : "Pour un dialogue social efficace et légitime :Représentativité et financement des organisations professionnelles et syndicales " (2006).



(2) En évitant d'accorder les pleins droits à certains syndicats contestataires représentatifs dans leur milieu, mais pas à l'échelon supérieur.

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