vendredi 2 mars 2012

Vallini évite la condamnation

Prud’hommes: le sénateur PS Vallini évite la condamnation
par Lenaïg Bredoux,  MEDIAPART.fr - 01 mars 2012

François Hollande peut pousser un soupir de soulagement. Son responsable des questions de justice, le socialiste André Vallini, a finalement accepté de transiger avec l’ancienne collaboratrice qui l’accusait de licenciement abusif, de harcèlement moral et de discrimination à l’âge. C’était jeudi devant les prud’hommes de Grenoble, qui avaient organisé une audience de la dernière chance pour parvenir à un accord. Un accord dont les clauses sont secrètes, confidentialité oblige.

Eprouvée, l’ex-attachée parlementaire de Vallini, âgée de 56 ans, en ressort «déçue». «C’était très long. A la fin, j’ai craqué», explique Brigitte Volmat à Mediapart. Avant d’ajouter : «J’ai eu le sentiment d’avoir une justice où je n’avais pas le choix.» Car au-delà d’une compensation financière, la plaignante voulait surtout voir son ancien employeur, et ancien camarade du Parti socialiste, condamné. «L'argent n'est pas sa priorité, elle veut surtout être reconnue dans son droit», nous expliquait fin janvier son avocat, Jean Eisler.

Soutenue par le syndicat des attachés parlementaires Uscp-Unsa, Brigitte Volmat a travaillé pendant 18 ans pour André Vallini, avant d'être licenciée en août 2010.

Entre-temps, comme l’avait révélé Mediapart, elle avait fini par être «placardisée», sans mission réelle à effectuer, dans un climat de très vives tensions avec le sénateur, député de l’Isère jusqu’à l’automne dernier, réputé dur dans ses relations de travail (lire notre enquête). Au total, selon le syndicat, ces dernières années, Vallini a licencié trois collaborateurs parlementaires, deux autres ont démissionné. Au conseil général de l’Isère dont il est également le président, le socialiste a fait tourner pas moins d'une centaine de collaborateurs en dix ans.

Vallini, lui, a tout fait pour relativiser l’affaire, estimant d’abord qu’il s’agissait d’un «conflit du travail comme il y en a des milliers. Entre nous, le lien de confiance s'est rompu, et ce lien est essentiel dans le travail parlementaire». Avant d'insinuer un complot politique pour le déstabiliser, et affaiblir François Hollande. Quant au turn-over de ses collaborateurs, il disait début janvier à Mediapart : «Je travaille beaucoup, et je veux qu'on travaille beaucoup. Et quand on n'est pas conforme à mes attentes, c'est vrai que je ne ménage pas mes collaborateurs

A la sortie du tribunal des prud’hommes vendredi, le responsable de l’Uscp-Unsa, Jean-François Cassant, ne cachait pas sa «surprise» : «Les juges ont mis tout leur poids dans la balance pour parvenir à une conciliation. Ils ont tout fait pour concilier. Ce n’est pas un déni de justice mais c’est une justice à deux vitesses. Et c’est encore plus incroyable quand il s’agit d’un probable futur garde des Sceaux.» (¹) Avant d’ajouter : «Jamais les prud’hommes ne mettent autant de moyens pour concilier : c’était la deuxième audience de conciliation, à huis clos, qui a duré près de deux heures. C’était parce que c’était Vallini.»

A la sortie de l’audience, le sénateur n’a pipé mot. Lui qui s’était fait discret depuis la révélation de la procédure aux prud’hommes (jusqu’à s’effacer d’un déplacement organisé récemment à Dijon par François Hollande) peut à nouveau rêver d’un maroquin ministériel. Jeudi soir, il devait assister au grand meeting de François Hollande à Lyon.

Lenaïg BREDOUX

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