Cher-e camarade, cher-e ami-e,
Tu n’es pas sans savoir que :
- Les 23 et 30 mars prochain, dans toute la France et ses colonies, auront lieu des élections municipales visant à désigner des conseillers municipaux et, pour la première fois au suffrage universel direct, des conseillers communautaires (communauté de communes, future Métropole).
- A Grenoble s’est construite une liste de rassemblement de gauche, écologiste et citoyen, en opposition tant à la droite (libérale et/ou extrême) qu’à la majorité sortante pétrie de froide idéologie solférino-libéralo-productiviste.
- J’ai choisi de soutenir et rejoindre cette liste ; c’est une première pour moi et un sacré défi personnel, avec tout son lot de contradictions.
1. J’ai toujours conçu l’action militante (associative, syndicale, politique) comme devant être « de proximité » : intervenir là où on vit, là où on bosse, autant que possible, autant avec les outils à disposition qu'avec ceux qu’on se donne, en sachant faire des compromis mais sans aucune compromission.
2. Les nombreuses années passées à militer dans une organisation syndicaliste-révolutionnaire et autogestionnaire m’ont appris tant sur la noblesse de ses idées et la force de son modèle organisationnel, que sur leur inaudibilité et leur inadéquation auprès d’une population massivement dépolitisée ; qu’on s’entende bien, quiconque s’en prendra aux syndicalistes-révolutionnaires aura affaire à moi, c’est juste que je ne me sens plus de porter moi-même ce type de militantisme, je suis sorti de cette organisation sur la pointe des pieds et en conservant nombre d’amitiés personnelles très fortes, les libertaires étant généralement des personnes formidables et ne raisonnant pas de façon binaire.
3. L’échec de la constitution d’une belle et grande liste du Front de Gauche grenoblois, élargie aux oppositionnels écologistes (ADES, EELV), échec consommé au début de novembre 2013 ; ç’aurait eu franchement de la gueule, mais pour des raisons qu’il ne m’appartient pas d’exposer publiquement cela ne s’est pas fait, c’est ballot mais c’est ainsi.
Étant doté-e d’un esprit fin et pétri de rationalité, tu pourras étudier avec attention notre projet ici : http://unevillepourtous.fr/le-projet/
Il est construit sur l’articulation de 3 exigences : démocratique, sociale, écologique. C’est pas encore le Grand Soir, à peine les petits lendemains qui chantent, mais on y retrouve un certain nombre de mesures qui peuvent assurément changer la ville au quotidien.
Je t’en livre en vrac quelques-unes, avec le numéro de la proposition entre parenthèses:
- Une tarification sociale des services publics, dont l’eau, l’électricité et les transports en commun, avec la gratuité pour première tranche (21) ; c’est la garantie de service pour les populations les plus paupérisées.
- Afin d’offrir des logements sains et accessibles à tous et lutter contre la spéculation immobilière, créer un outil public de la construction (73), user du droit de préemption (79) ; pour parer immédiatement aux situations les plus critiques, doubler la capacité d’hébergement d’urgence (83), proposer des conventions d’occupation aux squats (74).
- La remunicipalisation complète des services de l’énergie (23, 24), la révision des politiques de délégation de service public (50).
- Instaurer des budgets participatifs (3).
- Permettre la tenue de votations d’initiative citoyenne accessibles à l’ensemble des résidents grenoblois de plus de 16 ans, quelle que soit leur nationalité (6).
- Renforcer l’action sociale (71), les centres de santé (37) et soutenir le Planning Familial (99).
- Faire de la Ville un employeur exemplaire (65).
- Mettre en Open Data les données publiques (12) et libérer l’informatique municipale (57).
- Pas un centime pour les paradis fiscaux (64).
Les plus révolutionnaires crucifieront l’absence de mesure de collectivisation des moyens de production, d’armement des milices ouvrières, de décret d’autogestion généralisée et d’abolition de la société spectaculaire-marchande.
Soit, admettons.
Les curés rouges nous opposeront que les travailleurs n’ont que faire de l’orientation sociale ou antisociale d’une municipalité, des politiques d’urbanisme qui fleurent bon la spéculation immobilière, des équipements collectifs en désuétude et des écoles sur-bondées... Mmm, mouais, comment dire... c’est ballot, on ne doit pas connaître les mêmes travailleurs.
Les plus libéraux s’offusqueront de la mise au pas des SEM, de la révision des DSP et autres PPP, du conditionnement des aides publiques aux entreprises à des critères d’utilité sociale et de conditions environnementales et sociales de la production. Ben voui, l’Humain d’abord qu’on vous dit.
Les plus réactionnaires trouveront insupportables de telles dépenses pour ces salauds de pauvres, et ce sans aucune distinction ethnico-identitaro-nationale. Normal, vu que nous mangeons les enfants et parfois faisons des trucs pas nets avec les chatons.
Nous sommes entre autre opposés au prolongement de l’A51 et à l’agrandissement de l’A480, qui ne feraient que contribuer à la forte augmentation du trafic automobile dans la cuvette, à la domination de la bagnole et de son monde mortifère et anachronique.
Par ailleurs notre tête de liste Eric Piolle a d’ores et déjà signé le Pacte du Logiciel Libre, ainsi que la Charte Anticor, et publié sa déclaration de patrimoine. C’est vous dire si notre Líder Máximo est un dangereux insurrectionnaliste.
Bref, tu l’as bien compris, notre chouette programme n’a pas vocation a faire l’unanimité ; pour certains nous serons de vilains traîtres soc’-dém’, pour d’autres nous sommes carrément l’ultra-gauche (forcément sanguinaire), en vrai j’espère que nous nous situons à peu près à équidistance, ce qui serait déjà pas si mal.
Ah, et enfin pour celles et ceux qui, me connaissant personnellement, taxeraient à priori mon engagement électoral de « déviationnisme réformiste », et histoire de citer les Grands Anciens, j’oppose volontiers la démarche de « gradualisme révolutionnaire » chère à Malatesta, dans des conditions historiques forcément différentes de celles de 1925. Ayé, vous pouvez préparer le goudron et les plumes.
Je ne cherche pas à convaincre les "abstentionnistes politiques", même si j’ai ma petite idée sur la question ; je m’adresse à celles et ceux qui sont plus dans l’indécision que dans la résignation, et qui pensent que s’il y a moyen d’améliorer quelque chose quelque part il faut le faire, tout simplement.
Je prétend que le combat social ne s’exprime pas uniquement et strictement dans la rue, il doit saisir toutes les opportunités qui se présentent et qu’il saura se donner. Ce dimanche 23 mars 2014 est un des moments de la vie politique où tout-e activiste, révolutionnaire, humaniste peut et doit prendre position ; ce n’est pas le seul, mais il est au moins aussi important que les autres.
Fraternelles salutations écosocialistes.
Antoine.
Grenoble, le vendredi 21 mars, 11h30
EDIT du 27/03/14 - NOUVEAU SUR LE NET : le "nano-site" d'Antoine
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