vendredi 19 décembre 2014

Center-Parcs Roybon : Contre la xénophobie et son monde !


par Henri Mora

Il se passe des choses très surprenantes du côté des défenseurs du projet de Center Parcs de Roybon (Isère). 
Soutenus par le Medef, la CCI, et par les chefs d’entreprise en général, pour qui la marchandisation, l’exploitation des ouvriers et des employés et le développement à tout prix sont essentiels à leur monde, les défenseurs du projet comptent à présent parmi eux le syndicat CFDT, qui a signé un communiqué proposé par le Medef.

Bien que certains veuillent le faire passer pour un projet d’utilité publique, il s’agit bien d’un projet visant à implanter sur une zone humide en pleine forêt, une zone commerciale avec ses 2300 places de parkings pour des clients venant consommer un décor et des prestations à l’intérieur d’un camp de vacances entièrement clôturé.

Jamais aucune société n’avait pu bénéficier d’autant d’égards de la part de ses confrères et des autres professions. Jamais aucun élu n’était allé aussi loin dans le soutien à un projet porté par une société privée. 

Le Conseil général a consacré 4 pages dans son mensuel Isère magazine tiré à 490.000 exemplaires et distribué dans toutes les boîtes aux lettres du département où il dit répondre aux arguments des opposants d'une curieuse manière : les rédacteurs aux ordres  se résument en 8 points qui ne sont bien évidemment pas développés. C’est probablement cette forme de démocratie que les ministres, parlementaires, conseillers généraux et autres élus de gauche, de droite [ndlr : et d'extrême-droite] confondus, défendent avec entrain dans leurs communiqués de presse en faveur de la réalisation du Center Parcs Isère… 

Le Conseil général est même allé jusqu’à réaliser des banderoles de soutien – « Bienvenue à Center Parcs au Center Parcs » – qu’il propose aux communes des Chambarans et que nous voyons fleurir à l’entrée des villages… Il paraissait impensable jusqu'à aujourd’hui de voir des communes faire la publicité d'une entreprise particulière.

Mais le plus inquiétant dans cette affaire, c’est la manière dont les élus ont attisé les tensions à coup de propos haineux

Déjà le 29 juin 2012, André Vallini, alors président du Conseil général de l’Isère, menaçait à la tribune les opposants, lors du rassemblement des défenseurs du projet dans le stade de Roybon  : « moi, j’ai dit souvent aux écologistes, pour ne pas les nommer – à ceux qui s’opposent en tout cas à Center Parcs – je ne voudrais pas pour eux qu’ils aient toujours à s’expliquer devant le peuple si Center Parcs venait à échouer parce qu’il aurait trop de familles déçues, de gens qui attendent un emploi »… Le ton était donné.

Depuis on a pu entendre son successeur, monsieur Cottalorda dénoncer « les extérieurs qui décident pour un territoire qu’il n’habite pas ». Ces relents haineux et xénophobes sont repris par  l’organisateur des manifestations des défenseurs du projet – le président de l’association Vivre  en Chambaran  : Christian Lucciani – s’en prenant aux occupants comme à des « gens qui sont sur notre territoire, qui ne sont pas chez eux et qui viennent bloquer les projets sans même les connaître ». 

Le plus haineux d’entre eux étant Monsieur Serge Perraud, maire de Roybon, qui devant la caméra de BFM-TV tient, en parlant des occupants de la MaquiZad, les propos suivants : « il est bien temps que le gouvernement prenne ses dispositions pour chasser de notre territoire ces terroristes ».  

 

L’inflation verbale du Medef, des élus et des responsables d’association exhale des relents peu reluisants. Nous retournons les propos de Vallini contre ceux qui ont choisi la haine et la xénophobie pour continuer à soutenir ce monde que nous dénonçons : ceux qui défendent le projet de Center Parcs en dressant une partie de la population contre les opposants devront répondre des éventuels dérapages et de leur façon de souffler sur les braises.

Ce conflit oppose deux manières d’aborder la situation actuelle.

La première cherche irrémédiablement dans l’urgence, à sauver de l’effondrement un système économique insoutenable, dévastateur non  seulement d’un point de vue environnemental, social et humain, mais paradoxalement aussi d’un point de vue économique comme le démontre notre crise actuelle

La seconde espère pouvoir sortir de cette obsession du développement à tout prix et élaborer de nouveaux rapports humains et sociaux.

Henri Mora, 17.12.2014

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