jeudi 20 novembre 2008

Pourquoi je quitte le PS (1)


La Martinéroise Elisa Martin, 36 ans, conseillère régionale, suppléante du député Issindou, aurait pu se réjouir du bon score de Benoît Hamon. C'est tout le contraire. Car près de 20% pour la motion C, "ça veut dire plus de 80% pour le centre gauche". Dans ses conditions, elle a rendu sa carte. Et va participer à la construction du Parti de gauche. Explications.

Alors, ça y est, vous avez claqué la porte du Parti socialiste ?

Lundi soir, j'ai déposé ma lettre de démission du Parti socialiste dans la boîte aux lettres de la Fédération de l'Isère. J'étais au PS depuis quinze ans. Quinze ans, six congrès, toujours à gauche. C'est une décision mûrement réfléchie, tout sauf un coup de tête. Mais ça a été une très très grande tristesse. J'ai un pincement au coeur. Mais j'ai envie de dire que je vais où le devoir me commande.

Allons dans le vif du sujet: pourquoi ?

Les militants socialistes se sont exprimés. Ségolène Royal est arrivée en tête. L'autre enseignement, c'est que 80% du Parti socialiste, aujourd'hui, c'est le centre gauche. Centre gauche, ça veut dire qu'on met à distance le clivage gauche-droite et qu'on s'engage dans des accords avec le MoDem. Centre gauche, ça veut aussi dire qu'on ne cherche pas à répartir les richesses telles qu'elles sont, mais qu'on dit qu'il faut créer des richesses et ensuite les répartir. Centre gauche, enfin, ça veut dire qu'on ne cherche pas à desserrer l'étau de la construction d'une Europe libérale.

Donc vous, à partir de là...

La question, pour moi, était de savoir comment, demain, je pouvais être utile à la gauche. Est-ce que j'étais utile au PS ou en faisant autre chose? J'ai fait le bilan et lundi, j'ai choisi la seconde voie. En 15 ans, j'ai toujours été à la gauche du parti: j'ai fait la Gauche socialiste, Rassembler à gauche, Un monde d'avance... Le côté minorité de gauche, ça va, c'est bon, j'ai donné. Et j'ai bien vu que ça ne servait à rien, qu'on n'arrivait pas à faire bouger les orientations de ce parti qui, au contraire, dérive de l'autre côté.

Tous ceux qui ont signé la motion Hamon ne vont sans doute pas quitter le PS, loin de là. Vous le regrettez ?

Sur la motion C, on n'est pas tous sur la même analyse. Je respecte ce que décident les autres. Mais aujourd'hui, à la limite, ce n'est plus mon problème.

Et tout ça, c'est pour aller où ?


On a décidé, avec un certain nombre de camarades, de fonder le Parti de gauche, qui est un parti seulement de gauche, un parti républicain, laïc; écologiste, anti-capitaliste. Voilà notre identité politique. Rien ne vous étonne là-dedans, n'est-ce pas ? Tout cela, c'est ce qu'ont suscité Jean-Luc Mélenchon ou Marc Dolez...

On entend déjà certains dire: et encore un parti à gauche, et encore plus de division !

Notre volonté, c'est de construire ce Parti de gauche. La première étape, c'est un grand meeting à Paris, avec Oskar Lafontaine, le 29 novembre. Sans jouer les gros bras, en toute sincérité, on est déjà submergé de demandes pour participer à ce meeting. La deuxième étape sera le congrès de fondation de ce nouveau parti, le 7 février. Entre ces deux dates, on va travailler, discuter avec les hommes et les femmes qui ont envie de nous rejoindre, et pas qu'avec les socialistes, d'ailleurs. Le Parti de gauche, ce n'est pas le parti des ex. Nous, on n'est pas au Congrès de Reims, on est en campagne, là, tout de suite...

Mais comment l'unir, cette gauche de la gauche ?

Nous sommes profondement unitaires. Nous construisons un front, pour les élections européennes, avec ceux qui le souhaitent. Le PC a dit oui. On va continuer de discuter avec le NPA, dans le prolongement politique du non à l'Europe libérale.

Vous sentez-vous toujours socialiste ?

Philosophiquement, oui, bien sûr. En tout cas, je ne suis devenue ni trotskiste ni communiste.

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