samedi 3 avril 2010

Le Front de Gauche au Conseil Régional

Que reste-t-il de leurs amours ?


Le 26 mars dernier, le jour même de la nomination des exécutifs au sein des conseils régionaux à majorité socialiste/Europe Ecologie, le Parti de Gauche a fait savoir au plan national, qu' il n'y participerait pas.

Le PG posait trois conditions à la participation de ses élu(e)s. Ces conditions n' ont fait accord ni avec les socialistes, ce qui est peu surprenant; ni avec leur principal "partenaire" du Front de Gauche, le PCF, ce qui l'est davantage...

Voici les extraits les plus significatifs de cette déclaration :

" Ces conditions étaient les suivantes:

" - Exiger que la région adopte une clause de conditionnalité sociale et écologique pour ses aides et subventions. Cette clause se serait dès lors appliquée aux entreprises (pas d'aide aux entreprises qui font des bénéfices et licencient), aux villes (pas d'aide aux villes qui n'appliquent pas la loi SRU), et auraient conduit également à supprimer les financements facultatifs à l'enseignement privé

- Un grand service public de la formation professionnelle rompant totalement avec la logique des appels d'offre aux organismes privés. Il s'agissait de marquer, sur l'une des grandes prérogatives de la Région, la priorité au service public dès lors que l'intérêt général est en jeu.

- La création d'un comité régional de planification écologique doté de moyens.

Dans la plupart des régions, nous n'avons pu tomber d'accord pour que l'ensemble des partenaires de nos listes, dont notre principal partenaire le PCF, reprenne à leur compte ces propositions, ou toute autre proposition, à adresser au PS et à Europe Ecologie. Quand cela n'a pas été possible de les poser ensemble, nous l'avons donc fait au nom du PG mais dans des conditions évidemment moins lisibles et efficaces. Nous avons constaté que dans la quasi majorité des régions, ces points ne figuraient pas dans les accords programmatiques conclus entre le PS et Europe Ecologie. Nous considérons donc que ni le rapport de force, ni le contenu ne nous permettent de participer à des exécutifs qui ont pour objet d'appliquer le contrat de mandature signé entre le PS et Europe Ecologie.
"

-> Déclaration complète du parti de gauche sur les exécutifs régionaux

Côté PCF, seuls les élus du Limousin et du Nord-Pas-de-Calais ont préféré l'indépendance à un accord politique ou de " solidarité de gestion" avec le PS/EE.

Il n'y aura donc pas de solidarité de groupe au sein du Front de Gauche. Dit autrement, le Front de Gauche première manière a vécu avant d'avoir mené la moindre bataille concertée au sein des Conseils Régionaux.

C'est précisément sur l'hypothèse d'une participation à des exécutifs "dominés par le PS" que s'était cristallisée la division dans la gauche de la gauche il y a quelque mois. Il y avait les pour (PCF), les contre (le NPA) qui en firent un motif de rupture, et ceux qui sans y être opposés par principe, conditionnaient leur participation à des engagements susceptibles de marquer un début de changement de cap social (PG, Alternatifs...) ; position qui nous semble être non pas médiane, mais au B-A BA de la lutte politique.

La question d 'un bilan d'étape du Front de Gauche est posée, si tant est qu'il se survive ailleurs que dans les urnes. Avec environ 7% des sufrages exprimés en moyenne au plan national, et un score de second tour aussi exceptionnel qu'éloquent  en Limousin, le bilan est en effet mitigé électoralement.

Alors qu'il vient de s'avouer incapable de mener des batailles communes au sein des conseils régionaux (1), -rebaptisés pour les besoins de la propagande électorale "pôles de résistance et d'alternatives" (sic)-, on peut donc se demander par quel tour de force le Front de Gauche parviendra à entraîner l'adhésion des " masses populaires ", à incarner un début d'alternative au libéralisme et au social-libéralisme, à contribuer à sortir le mouvement social de l'ornière ? Sans stratégie partagée son avenir est compromis.

Le PCF a sacrifié la moitié de ses élus régionaux, et une nouvelle vague de départs se profile derrière Patrick Braouezec, Jacqueline Fraysse, Roger Martelli, Pierre Zarka et d'autres figures de ce parti.
Sans surprise, le NPA n'a réussi qu'à s'isoler et à se couper de ses électeurs et sympathisants, il joue sa survie dans les mois à venir. Privée d'un "bras séculier" et d'une base populaire, l'écologie politique ne sait pas transcrire ses fondamentaux en termes de programme. Ses courants les plus novateurs, éparpillés, ne sont pas chez les Verts, qui eux-même auront probablement du mal à résister à l' OPA d' Europe Ecologie.
Seul le PG, déterminé à ne pas jouer les supplétifs du parti socialiste, ne semble pas complètement déboussolé. Mais la méthode autoritaire employée en interne pour désigner certains de ses candidats à soulevé des contestations : son mode de fonctionnement est loin d'être un modèle de vertu démocratique.

Pour un front de gauche unitaire (marque non déposée), actif dans les luttes et présent dans la rue


Bref, la gauche de gauche est à la peine, et la courte période de calme électoral qui la sépare de la prochaine présidentielle est semée d' embûches (primaires...). Réussira-t-elle à surmonter ses divisions ? Saura-t-elle résister unitairement à la remise en marche de la lessiveuse social-démocrate ?
Sans expression collective méthodique, unifiée, politique, de la combativité sociale, la gauche de gauche se condamne à regarder passer le train des  "journées d'action" syndicales sans lendemain. Ce qui n'est encore qu'une aspiration largement partagée, quels que soient les courants et sensibilités, doit commencer à se concrétiser dès maintenant, au risque, une fois de plus, de la satellisation ou de la marginalisation.
Il faut donc, en toute indépendance des grandes manoeuvres qui se profilent autour de l'alliance PS/Europe Ecologie, tout faire pour donner une traduction sociale et politique positive aussi vaste que possible au rejet de la droite.
Pourquoi pas dans un front de gauche élargi "aussi fidèle au monde du travail que la droite ne l'est au grand capital" ?

JMB

(1) On lira avec intérêt le billet "Des coulisses de la région"  sur le blog de Corinne MOREL-DARLEUX, élue drômoise du PG  et secrétaire nationale à l'écologie de ce parti

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