vendredi 12 novembre 2010

Verbatim : Frédéric Lordon

(...) Vous vous posez la question suivante : qu’est-ce qui fait que les salariés vont au travail ?

Frédéric Lordon.: La question est très exactement aussi simple que ça ! Et s’il y a une raison de la poser à nouveau c’est parce que, comme la sociologie du travail n’a pas manqué de le voir, le néolibéralisme opère un changement profond dans le régime de mobilisation des salariés. Le premier capitalisme, celui que Marx avait sous les yeux, fonctionnait à l’« aiguillon de la faim »… c’est-à dire dans un régime d’affects tristes. La grande « invention » du fordisme c’est d’avoir ajouté des affects joyeux mais extrinsèques : ceux de l’accès à la consommation élargie. Le néolibéralisme, lui, veut enrichir le rapport salarial d’affects joyeux intrinsèques, c’est-à-dire réjouir les salariés non pas par ce à quoi le travail – ou plutôt l’argent du travail – permet d’accéder, mais par le travail lui-même. Le travail va vous épanouir, le travail c’est la vraie vie : voilà la promesse de ce régime de mobilisation…

REGARDS est " une revue d'actualité non partisane qui assume un parti pris anti-libéral". Elle est dirigée par Clémentine Autain et Roger Martelli.

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