mardi 7 décembre 2010

Une manchette malheureuse

La Croix - édition des 27 et 28 novembre 2010

Chez le kiosquier, dimanche dernier, le quotidien La Croix attirait l'attention du lecteur grevillois avec la manchette de une suivante :" Grenoble, championne de l'insertion sociale ". Bigre. On s'est donc fendu de 1,30 euros afin de vérifier si quelque chose nous aurait échappé ?

Sous le gros titre était écrit : "La Croix" consacre un dossier à la capitale dauphinoise, exemplaire pour l'aide aux plus démunis, alors que ce week-end le froid arrive et que les banques alimentaires se mobilisent en France. "

De quoi mettre du baume au coeur des Roms virés du terrain du Rondeau (au sud de Grenoble) le 1er décembre 2010.

Le plus gros CCAS de province par son budget, le Secours Catholique, "Le Fournil" , Un Toit Pour Tous, l'association Saint Paul, etc. Le fil conducteur idéologique de ce dossier consiste à présenter sous un jour positif, le "niveau d'imbrication exemplaire " (1) qui existe à Grenoble entre politiques publiques d'inspiration social-libérale, bonnes oeuvres d'inspiration chrétienne, et volontarisme du secteur associatif. 



A l'appui de ce premier prix d'excellence sociale, on s'attendait à trouver dans ces pages des résultats significatifs en matière d' accès des plus démunis aux soins, au logement, à l'éducation, à une formation et à de vrais emplois pérennes.  Mais ce n'est pas le cas. Alors?

Ma petite soeur nous ne sommes pas beaux à voir 
L' Isère et la misère continuent.
Nous n'avons pas de pouvoir.
Guy-Ernest DEBORD

Grenoble devient une ville sécuritaire invivable. Il y existe un ratio demande de logement/logements vides au moins égal à la moyenne des villes similaires en France. Même s'ils ont très légèrement baissé (0,2%) dans les premiers mois de 2010, les loyers de marché y restent parmi les plus élevés. Il manque plus de 8 000 logements sociaux sur l’agglomération, 4 300 ménages en attendent un depuis plus de 2 ans et pourraient ainsi recourir à la loi DALO pour faire reconnaitre leur demande prioritaire et urgente (chiffres de l’Observatoire de l’Habitat fin 2010).
Dans les services publics, on constate une forte hausse du taux de certains impôts locaux auquels personne ne peut se soustraire, telle la Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères  (TEOM) en augmentation de 50 % à service constant depuis 3 ans.
La Carte Emeraude, qui permettait aux plus de 65 ans de bénéficier de la gratuité des transports sur le réseau du SMTC pendant les heures creuses, les dimanches et jours fériés et au mois d'aout, a été supprimée.
Surtout, et à l'inverse de Lyon, la précarité sous toutes ses formes pèse autant dans la ville centre de l'agglo que dans l'agglo grenobloise elle-même, comme le montre cette analyse d'Alain Berthelot, publiée fin 2008 pour l' INSEE (2).

Il n' y a pas un mot de tout celà, pas un chiffre sur ces sujets dans ce papier ! On semble seulement se féliciter qu'un si grand nombre d'assos de tout poil tentent de soulager la misère en Isère...

A la fin de ce dossier, La Croix gratifie ses lecteurs d' un portrait sur deux pages (soit le tiers) du relativement jeune conseiller municipal modémoïde Stéphane GEMMANI, membre de la coalition municipale majoritaire PS-PC-MoDem-Droite anti Carignon. Dans une langue de bois impeccable, cet homme de bien, modeste promoteur du Véhicule d'Intervention Contre l' Indifférence (VINCI !) affirme nourrir d'avantage d'ambitions pour Grenoble que pour lui-même.

Il semble être parvenu à en convaincre au moins l'auteur de l'article Louis de Courcy.

Pas nous.

JMB

(1) " Nous cogérons avec le champ associatif et apportons systématiquement  des réponses coordonnées. Nous avons atteint un niveau d'imbrication exemplaire ",  Olivier Noblecourt, vice-président du CCAS, propos rapportés dans l'article.
(2) " Précarité dans  l’agglomération de Grenoble : pas uniquement dans les zones urbaines sensibles " in La Lettre Analyses N°99 - novembre 2008- téléchargeable ici.

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