jeudi 31 mars 2011

Eté comme hiver, un droit c'est un droit

Jo Briant
Porte-parole de la Coordination iséroise de soutien aux sans papiers
c/° CIIP- Maison des Associations
6 bis, rue Berthe de Boissieux
38000   Grenoble
Grenoble le 31 mars 2011

Monsieur Eric Le Douaron
Préfet de l’Isère
Place de Verdun
38000   Grenoble


LETTRE OUVERTE au Préfet de l’Isère

Monsieur le Préfet,

Mercredi 30 mars était appelé par 25 organisations associatives*, syndicales et politiques un rassemblement Place de Verdun  intitulé « NUIT SOLIDAIRE », en solidarité avec les centaines de personnes –familles comme isolés, demandeurs d’asile ou de séjour – dont l’hébergement hivernal prend fin et qui risquent fort d’être à la rue, soit dans l’immédiat soit à court terme, puisqu’il n’est question que d’un relogement partiel pour une durée maximale d’un mois. Notre mot d’ordre, qui reprend ce qui est affirmé par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme comme par notre Constitution et de nombreux textes internationaux, était : «ÉTÉ COMME HIVER UN TOIT, C’EST UN DROIT ! ».  Depuis les années 2 000 de nombreux rassemblements de ce type se sont déroulés Place de Verdun, y compris des « nuits solidaires » avec abris et tentes, sans que cela pose le moindre problème.

Dès le début de ce rassemblement les forces de police nous ont signifié de multiples interdictions : pas de tentes, pas de matelas ou même de sacs de couchage ( !), pas d’affichettes A3 reprenant le mot d’ordre ci-dessus que nous voulions tout simplement suspendre sur une corde tendue entre deux arbres ! Et enfin, cerise sur ce gâteau liberticide, interdiction de rester au-delà de minuit .

Des membres de nos organisations, révoltés par ces interdictions aussi absurdes qu’attentatoires aux libertés élémentaires, ont osé dresser une tente, comme l’ont pourtant fait à de multiples reprises dans plusieurs villes les Enfants de Don Quichotte ou des membres d’Emmaüs ou encore de Médecins du Monde, et alors même que des dizaines de femmes, d’enfants, d’hommes vivent dans des conditions très précaires sous des tentes à Grenoble Ce simple geste a suscité aussitôt une charge brutale sans sommation- d’une trentaine de policiers, fumigènes à l’appui. Lors de deux autres charges brutales, un manifestant qui attendait stoïquement et pacifiquement cette « vague » policière a été traîné à terre et emmené à l’hôtel de police, où il est resté, contrairement aux promesses d’une responsable de la police, jusqu’au lendemain matin à 10H30, accusé d’une façon absurde de « rébellion » ! En outre, trois autres manifestants ont été blessés, notamment à la tête. S’il est une évidence qui a frappé toutes les personnes et observateurs présents, c’est le contraste saisissant et manifeste entre le comportement agressif et violent de votre police et le comportement constamment pacifique et non violent des 150 militants associatifs présents.

Monsieur le Préfet, je n’hésite pas à vous dire, et tous les militants pacifiques associatifs présents diraient la même chose, que les ordres que vous avez donnés aux forces de sécurité et les interdictions multiples que vous leur avez demandé de nous imposer constituent une grave atteinte aux libertés et aux droits d’expression et de manifestation. Cette dérive sécuritaire aurait-elle pour but d’occulter les manquements à votre devoir légal d’assurer un toit, notamment aux demandeurs d’asile ? Toujours est-il que nous continuerons inlassablement d’exiger un toit pour chaque femme, chaque enfant, chaque homme : nous n’accepterons jamais qu’ils soient jetés à la rue et exposés à l’insécurité la plus extrême. Vous savez que vous pouvez user de votre droit – votre devoir – de réquisition, ce ne sont pas les logements vides, publics et privés, qui manquent.

Croyez bien, Monsieur le Préfet, à notre volonté et à notre entière détermination afin que soient respectés les droits et la dignité de tout citoyen, qu’il  soit étranger ou français.

Pour la Coordination iséroise de soutien aux étrangers,

Jo Briant
Grenoble, le 31 mars 2011 


* AC !contre le chômage- ADA (Accueil demandeurs d’asile)- ADES-  APARDAP- ATTAC Isère-  Centre d’Information Inter-Peuples- CIMADE- Collectif de soutien aux réfugiés algériens- Europe-Ecologie/Verts Isère- FASE 38-  GO Citoyenneté-   La Patate chaude- Ligue des Droits de l’Homme-  Les Alternatifs- LSD [Ligue des travailleurs sociaux en danger]-  NPA- PAS Pour une Alternative Syndicale]- Pastorale des Migrants- Parti socialiste-   PCF Isère- PCOF-   Rasl’Front Voiron et Grésivaudan-- RESF 38- RUSF 38- Solidaires 38- Sud Education 

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