jeudi 31 mars 2011

Une guerre totale

Jean-Luc Mélenchon (meilleur candidat unique du peuple de gauche en 2012, c'est dit) et ses camarades de la GUE au Parlement Européen apportent, au fond, un soutien de principe à l' action de l'ONU en Lybie. Problème.

JLM, qu'on a connu moins hésitant, s'en explique dans son dernier billet, "lendemain de vote".
L'ONU qu'il voit comme un "point d'appui" via ses branches progressistes (CNUCED, PNUD, etc.) formerait la base  "certes très imparfaite " donc réformable (?) d'un " ordre légal " (sic) qui viendra plus tard. Un ordre juste (sic) international qui s'édifiera sur une base plus démocratique et équitable...
On ne le suit pas du tout sur ce point. C'est d'ailleurs sur ses  positions de politique étrangère, ou vis-à-vis de la Chine ou de Cuba, qu'il est le moins suivi...

L'ordre Onusien, comme il dit, est discrédité depuis belle lurette aux yeux des peuples martyrs, ou simplement de la foule des partisans d'une paix juste et durable entre les peuples et les nations. Il est l'instrument docile du gendarrme américain et, secondairement sur ce dossier brûlant, aussi parce que ça relève avant tout de l'aire géostratégique occidentale, des autres membres consentants du Conseil de Sécurité. Point.

Sauf qu'à y mettre le doigt, même avec des réserves... vient l'heure de vérité. Et elle est là : il est trop tard pour reculer. A partir d'aujourd'hui jeudi 31 mars, la direction des opérations passe intégralement à l' OTAN depuis son QG de Naples, et à la CIA de triste mémoire. Aujourd'hui l'objectif clairement affiché est de renverser un régime par les armes. Une fois de plus, ce sont les boys qui finiront le boulot. Ce but de guerre ne figure évidemment pas dans la résolution 1973, pas plus que la statégie de la guerre totale qui est maintenant appliquée sur le terrain (1). Et le secrétaire général de l'OTAN est formel : "il n'y aura aucune aide militaire aux insurgés lybiens" .... Tous rangés derrière les militaires américains !

Le co-président du PG écrit  :
"Refuser de reconnaître une place et une légitimité à l'ordre onusien c'est de fait renoncer à l'application de multiples résolutions exigeant la reconnaissance d'un Etat palestinien ayant des frontières sûres, par exemple. Ou encore les résolutions votées chaque année par l'Assemblée générale de l'ONU, qui demandent la fin du blocus états-unien contre Cuba. Ne pas s'appuyer sur l'ordre international légal incarné par l'ONU c'est accepter que la résolution faisant du droit à une eau potable salubre et propre un droit fondamental et les résolutions protégeant l'enfance ou les personnes LGBT, votées, ne soient pas mises en œuvre. Enfin, nier l'ONU c'est également valider les interventions des Etats-Unis en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003 toutes lancées sans mandat international."

Renoncer à l'application des bonnes résolutions de l' ONU ? c'est une plaisanterie ? Cet argument peut se retourner : Reconnaître une place et une légitimité à l'ordre onusien, comme il dit, et sa primauté dans le règlement des conflits, revient à reconnaître le deux poids deux mesures qui est la règle depuis sa création, jamais l'exception, (cf les révolutions arabes) et à donner le mot de la fin au bourreau israélien, à la pétromonarchie saoudienne, et au tsar de toutes les Russies !
Il y a des résolutions de l' ONU baffouées sur l' Etat palestinien, et alors ? On s'en réclame, on s'en revendique, on fait feu de tout bois avec, on leur met le nez dans leur caca, mais peine perdue. Aucune solution ne viendra de ce côté, à moins d'abattre le Pentagone.... mais ça ne le trouble pas plus que ça.

Et je m'associe à cette question de l'un de ses lecteurs, "Guerillero31" (32) : " Pourquoi Camarade Jean-Luc ne pas demander une exclusion aérienne au dessus de Gaza pour protéger la population palestinienne ? ou des frappes sur l'Arabie saoudite quand on y réprime des mouvements sociaux ? "

JLM poursuit :
"Les puissants de ce monde cherchent à se débarrasser de l'ONU, pour réinstaller la loi du plus fort. Pendant les années Reagan, puis sous les Bush, tous les moyens furent bons pour discréditer cette organisation et même la faire mourir. Il y eut ainsi des années de contentieux sur le non versement par les USA de leur part de contribution au budget de l’ONU. A l’heure actuelle encore c’est sur l’ONU que nous pouvons nous appuyer pour stigmatiser le refus de certains pays d’appliquer des dispositions de l’ONU. (sic ndlr) J'en prends pour exemple la non reconnaissance par les Etats-Unis, la Libye, le Maroc ou encore l'Egypte de la Cour Pénale Internationale, pourtant en capacité de juger les responsables de crimes de guerre, de crimes d'agression et de crimes contre l'humanité."

La Cour Pénale Internationale est une création utile, mais essentiellement habilitée à se saisir du cas d'individus coupables de crimes de guerre, elle ne juge pas des régimes souverains, et encore moins les régimes qui leur apportent leur soutiens, si l'on suit bien le fil de la pensée melenchonienne nourrie d'universalisme, c'est un peu court, et pourtant ... Qu'ont trouvé ceux qui ont osé fouiller davantage sous les cadavres au Rwanda ? Les Casques Bleus de l' ONU et la France.(2)

Sous la domination de l'empire américain et de ses alliés occidentaux, les résolutions politico-diplomatiques ne sont que des chiffons de papier chaque fois qu'il pourront prendre ou reprendre pied dans une région du monde en révolution. Réaffirmant un soutien sans faille à tous les peuples en lutte pour la liberté, cette gauche doit très vite retenir la leçon.
JMB

Notes.
1. Cette stratégie et les moyens afférents sont détaillés par le journaliste François Bonnet dans son article , "Lybie, la guerre est déjà hors contrôle" Mediapart, 31/03/2011

2. On pourra lire à ce sujet, de Xavier Verschave, "La Françafrique, le plus long scandale de la République"

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