On a suivi avec intérêt, même si c'était d'un peu loin et en pointillés, le troisième Congrès du Parti de Gauche qui s'est tenu à Bordeaux le week-end des 23 et 24 mars 2013.
Ce parti très présent sur les réseaux sociaux, utilise au maximum la palette des outils communiquants d'internet, dont le "direct live" vidéo. N'importe qui peut ainsi se faire à chaud une idée assez précise des débats qui le traversent, des idées avancées, des enjeux, de l'ambiance.
Passé de 3000 à plus de 12.000 membres en moins de 5 ans, le PG est sans conteste aujourd'hui le rejeton le plus dynamique et joufflu du mouvement issu du NON de gauche français au référendum sur le traité Européen, en 2005.
Ce courant a joué un rôle décisif dans la création du Front de Gauche. Il lui a fourni en particulier un candidat taillé pour le rôle à l'élection présidentielle de 2012. De la Grèce au Venezuela et de la France à la Tunisie, il est clairement aux côtés des mouvements sociaux qui cherchent une issue à la mondialisation capitaliste.
Avec d' autres composantes au sein du FdG, il travaille à briser, en France, le carcan institutionnel funeste de l'alternance, qui depuis des décennies sert davantage le duopôle PS-UMP que la majorité des français, pour construire une République Sociale, une Sixième République.
Il vient de marquer un infléchissement anti-productiviste très net dans sa doctrine, en adoptant un Manifeste pour l'Ecosocialisme lucide et stimulant, susceptible de renouveler profondément le mode de penser et d'agir d'un mouvement ouvrier en panne de stratégie, et qui n'en peut plus de fonctionner sur les schémas obsolètes des Trente Glorieuses. On aura d'autres occasions d'y revenir. On se bornera seulement à relever ici, comme un symptôme de la médiocrité psittaciste de la presse bien-pensante et du parti au pouvoir, quel type d'accueil a été fait à ce congrès porteur, on l'a vu, d' idées neuves.
Coincé entre le 50ème congrès de la CGT à Toulouse deux jours plus tôt, (une ou deux minutes d'antenne selon les supports), et la deuxième vague de réacs homophobes à Paris le dimanche, il n'y avait pas d' illusions à se faire...
Cherchant comment évoquer le sujet tout en l'évacuant, certains chiens de garde se sont vraiment surpassés grâce au concours des bureaucrates de la rue de Solférino.
Le premier secrétaire du PS Harlem Désir-sans-Avenir, épaulé par le sénateur PS David Assouline, a produit ce qu'on peut appeler un buzz de diversion, en sortant de son contexte une petite phrase de Mélenchon, préalablement déformée par une journaliste étourdie de l'AFP. En clair, a-t-il insidieusement suggéré mezza-voce, Mélenchon aurait eu une saillie de nature antisémite à l'endroit du Ministre des Finances P. Moscovici (très rudement et justement critiqué par ailleurs) sur la question du règlement du krach bancaire chypriote. Les bras en tombent. Pour référence, lire et entendre sur le site de Politis ce qu'a vraiment dit JLM, enregistrement audio à l'appui.
L' affaire a fait pschittt en 24 heures, et depuis ils se sont plus ou moins excusés, mais c'est trop tard.
Désigner quelqu'un comme antisémite pour le disqualifier et fuir le débat n'est plus l'apanage des officines sionistes de droite et d'extrême-droite et de leurs plumitifs. Ces deux malheureux caciques du parti dit "socialiste" n'ont pas hésité à utiliser le même procédé, tandis que dans les journaux, les éditocrates-relais attitrés continuent imperturbablement de dauber sur la convergence des extrêmes.On vérifie une fois de plus que les uns servent les autres, et que ce petit monde est prêt à tous les coups bas pour faire obstacle à la renaissance d'une gauche qui, pour son malheur, ne lâchera rien.
(1) d'après l'expression inventée par Jean Quatremer, du journal Le Monde : "Mélenchon utilise un sifflet à ultra-sons antisémite"
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